Rencontre avec Hind de Wemind :

Freelances et entrepreneurs, nous avons rencontré Wemind à la Station F, une communauté engagée qui a l’ambition d’offrir les garanties des grands groupes aux indépendants. Mutuelle, maintien des revenus, protection, comité d’entreprise… Hind Elidrissi, la CEO et Fondatrice, revient sur les avantages de cette assurance et nous explique le concept d’indépendant.co, un néo-syndicat des temps modernes, pensé pour couvrir les besoins urgents des freelances en difficulté…

Pitch elevator : Hind, peux-tu te présenter?

J’ai toujours essayé d’être libre et épanouie. Mon travail aujourd’hui consiste à me développer et rendre cela accessible pour d’autres personnes à travers deux structures :

  • Wemind tourne autour de la protection et des services. L’idée est de proposer aux indépendants les mêmes services de mutuelle, de comité d’entreprise que des salariés, voire mieux.
  • Mon but avec indépendants.co est de démocratiser le statut d’indépendant, faciliter leur quotidien et rendre les services plus accessibles.

Peux-tu nous expliquer la mission de Wemind et ce que vous proposez aux indépendants ?

Nous proposons des services de mutuelle, le maintien des revenus (prévoyance) et la RC Pro (responsabilité civile professionnelle). Nous avons d’ailleurs commencé par cette protection qui est souvent la plus négligée par les freelances sur les questions de santé. C’est aussi une population très jeune qui pense tomber rarement malade. Nous avons donc un travail de prévention et le but, c’est de proposer la meilleure mutuelle avec de solides garanties. Lorsque j’étais salariée, je bénéficiais d’une très bonne mutuelle car je travaillais dans une boîte d’assurance. Quand t’es indépendant, tu essayes de trouver la moins chère et malheureusement c’est aussi celle qui couvre le moins. Nous avons tenté de combiner les meilleures garanties au tarif le moins cher pour atteindre le meilleur rapport qualité-prix.

Notre protection permet aussi de maintenir les revenus quand le freelance est malade. C’est contre-intuitif, car ce n’est pas tant les médicaments ou la consultation chez le médecin qui coute le plus cher, mais bien de ne pas pouvoir assurer les missions et donc de ne pas être payé. Cette indisponibilité peut durer 2 semaines, 1 mois, 6 mois voire même 1 an. Par exemple, nous avons un freelance en arrêt maladie pour plus d’un an, donc pas de revenus.

Nous avons aussi un vrai service de comité d’entreprise comme dans les grosses boîtes avec des réductions pour les cinés et les parcs d’attractions.

Notre moteur chez Wemind, ce sont les valeurs que l’on apporte à la communauté à la fois dans les produits et les services, mais aussi dans le contact humain et les projets que l’on organise autour d’eux.

Il y a donc un véritable accompagnement et une forte dimension pédagogique. On ne pense pas forcément à tous ces éléments qui sont déjà inclus dans le salariat traditionnel quand on se lance en freelance. On retrouve cet ADN chez Cherry Pick et cet accompagnement des freelances. D’ailleurs, comment as-tu rencontré Stéphane ? 

J’ai croisé Stéphane plusieurs fois au wagon quand j’intervenais là-bas, aussi lors des workshops liés au futur du travail, c’était même avant de monter le syndicat. J’ai vraiment rencontré Stéphane à ce moment là et j’avais même entendu parlé de Cherry Pick avant que ça n’existe ! Nous étions tous préoccupés par les mêmes sujets. Ce qui m’avait frappé à l’époque était surtout la volonté chez Cherry Pick de créer un service innovant pour les freelances au-delà du business, une grande ouverture d’esprit avec une réelle volonté d’améliorer le travail.

Le marché du travail est en constante évolution. Il a été littéralement bouleversé ces dernières années par le Covid et les récentes élections. Selon toi, qu’est-ce qui incite aujourd’hui les personnes à être freelance et quelles sont les problématiques qu’ils rencontrent ?

Dans cette période de rupture et de transition économique, sociologique et technologique, l’accès au travail indépendant s’est beaucoup démocratisé ces dernières années mais avec des conditions loin d’être optimales. Pour te donner une image, un salarié à un statut connu par tous avec sa protection, mais le statut d’indépendant est peu protégé en France. Pourtant historiquement, les indépendants étaient majoritaires dans la population active. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, le ratio s’est inversé. On compte aujourd’hui 90% de salariés pour 10% d’indépendants avec une protection inexistante. En réalité, la raison n’est pas tant qu’ils soient minoritaires, mais que les indépendants historiquement ne souhaitaient pas bénéficier d’une protection. C’était dans leur état d’esprit de se débrouiller seul.

As-tu un exemple à nous donner pour illustrer cela ? 

Par exemple, sur la question de la protection sociale en France et de la sécurité sociale, historiquement le métier dominant de l’indépendant était celui de l’agriculteur. À l’époque, ces travailleurs étaient en autosuffisance alimentaire, mais aujourd’hui l’environnement a vraiment évolué: les indépendants de notre époque sont urbains, travaillent dans les services (commerce, prestations de service, professions libérales) sans être autosuffisants.

Globalement, c’est le système qui a été pensé au début du siècle jusqu’aux années 50. Même s’il y a eu des améliorations progressives, il véhicule toujours l’idée que l’indépendant est indépendant du système, ce qui est de moins en moins vrai.

Je me suis aussi lancée dans l’aventure du syndicat car même si Wemind est une entreprise vertueuse, très éthique qui crée de supers services, on ne peut pas changer les règles du jeu en étant juste une entreprise. L’intérêt d’indépendant.co est aussi d’accompagner toute cette transition que le travail est en train de connaître actuellement, et celui de l’indépendant en particulier. Il faut revoir les règles du jeu pour qu’elles correspondent aux besoins actuels, c’est une forme de distorsion. Nous vivons au présent, mais avec des règles qui correspondent au passé, cela fait partie des choses qu’il faut changer.

Parlons de votre actualité. Vous avez plusieurs évènements à venir : tu as parlé d’un livre blanc, mais aussi d’une tournée en France avec un think-tank. Peux-tu nous en dire plus ?

Nous sommes parti sur l’idée qu’il fallait revoir le statut des indépendants : on décide de créer le syndicat. La date de lancement était le 20 Février 2020, mais cela a été fait dans une indifférence générale. Personne ne s’intéressait à cette question à ce moment-là.

3 semaines après, c’est le confinement avec l’annonce du fameux « quoi qu’il en coûte » du gouvernement pour toutes les entreprises et salariés, mais sans savoir réellement ce qu’il en était pour les indépendants. Nous ne voulions surtout pas rogner nos principes philosophiques, mais une question se posait. Que fait t’on pour gérer cette situation de crise et d’urgence? On se rend compte à ce moment la que le vieux schéma se répète toujours. L’idée que les indépendants n’ont besoin de rien. C’est moins grave s’ils étaient tous agriculteurs et autosuffisants, mais quand les indépendants sont des freelances dans tous les secteurs d’activité. Ils ne sont pas en autosuffisance alimentaire et surtout lorsqu’ils sont en villes. Par conséquent, la question de la pandémie et du « quoi qu’il en coute » se posait réellement.

Quelle a été la suite ?

Pendant 2 ans, nous avons donc défendu l’accès aux indépendants tous métiers confondus au « quoi qu’il en coute » et qu’ils soient accompagnés par l’État. Cela a été un certain succès car nous avions réussi à obtenir un retrait des critères sectoriels pour tous les indépendants mais aussi un rallongement des aides de Mars 2020 jusqu’en Septembre 2021. Nous avions également gagné de nombreuses autres négociations mais le principal était le Fond de solidarité.

Aujourd’hui, on revient sur la question initiale du statut de l’indépendant. C’est un travail que personne peut réaliser seul, c’est pourquoi nous avons aussi une série d’activité autour du think tank. Nous allons interroger les indépendants dans toute la France pour recueillir les besoins. Cette enquête va donner naissance à un livre blanc et nous allons le remettre au nouveau gouvernement en Septembre 2022.

Nous avons aussi monté au début de la pandémie un centre d’information mais nous n’arrivions pas à traiter chaque demande. On en recevait des milliers.

J’avais donc lancé un appel à bénévole, 60 personnes avaient répondu, ce qui nous a permis de monter une grosse hotline pour gérer toutes les demandes des freelances en difficulté. Ils peuvent nous contacter gratuitement via la hotline, demander de l’information et de l’aide par rapport à leur situation.

Alors, justement, que peut-on faire aujourd’hui si on souhaite soutenir indépendant.co ?

Indépendant.co est financé exclusivement par des dons de personnes physiques où d’entreprise défiscalisés à hauteur de 66%. C’est un système différent des syndicats traditionnels, c’est la raison pour laquelle qu’on se définit comme un néo-syndicat avec toute cette dimension de think tank. Le principe d’un syndicat traditionnel que je ne critique pas en soit, repose uniquement sur une adhésion pour accéder à ses services.

Aujourd’hui, nous sommes dans une période où les indépendants sont de plus en plus nombreux. Ils sont aussi les plus vulnérables au lancement de leur activité. Il y a aussi une diversité géographique, sociale, financière, ceux en difficulté n’ont pas forcément les moyens financiers.

Nous sommes donc partis sur un modèle différent. Ceux qui ont les moyens peuvent financer ce qu’ils souhaitent. Cela permet de faire évoluer la cause des indépendants de manière générale. Alors que ceux qui n’en ont pas peuvent utiliser nos services gratuitement. C’est une question de complémentarité et de solidarité.

Imaginons que tu as un chiffre d’affaires de 100.000 € par an et que tu aies besoin d’un expert-comptable pour gérer ta comptabilité. Tu peux payer pour ce genre de services et l’affaire est réglée. Malheureusement, si tu n’as pas les moyens de te lancer, le marché n’a pas de solution pour toi. Nous apportons donc avec notre travail d’enquête, de consultation et de think tank ce que le marché n’offre pas !

Pour finir, qu’est-ce qui te motive en te levant le matin ?

(sourire) Je cherche à résoudre d’abord mes propres difficultés et ensuite celles des autres en prenant un maximum de plaisir à le faire. Je vis aussi les choses à plusieurs niveaux. Par exemple, chez indépendant.co le but est de favoriser et défendre le travail des freelances alors que chez Wemind. J’ai une équipe de salariés, nous cherchons plutôt à réfléchir sur les questions de management, d’entreprise libérée et comment atteindre le maximum de bien-être, de plénitude. C’est une démarche très complémentaire. Elle me permet de mener des aventures collectives avec ma trajectoire personnelle et mes valeurs. Je peux également partager mes enseignements pour tenter de résoudre les problèmes des autres quand j’ai réussi à régler les miennes.

Conclusion :

Merci pour ta disponibilité et ta bonne humeur Hind !

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